lundi 3 septembre 2007

M. BARNIER, LES OGM ET LA LANGUE DE BOIS

M. Barnier à qui l’on doit l’introduction du principe de précaution dans la législation française en 1995 fut l’auteur remarqué d’un rapport parlementaire sur l’économie de l’environnement dont il tira le bel ouvrage « Chacun pour tous » (Stock. 1990). Il y affirmait alors de fortes convictions qu’il semble avoir subitement abandonnées depuis qu’il a endossé la tenue de ministre de l’Agriculture et de la Pêche.
Ainsi, dans une tribune intitulée « OGM : faisons enfin place à un débat démocratique et apaisé » publiée le 14 août 2007 dans Le Figaro, M. Barnier fait-il preuve d’une langue de bois époustouflante, coutumière, il est vrai de certains de ses services.
M. Barnier demande que soit organisé un débat « sans tabou et dans la plus totale transparence » sur la question controversée des OGM, passant allègrement sous silence le fait que de multiples débats publics et rapports parlementaires ont déjà eu lieu (1998, 2000, 2002, 2005, etc.) et que les pouvoirs publics, notamment certains services du ministère de l’agriculture et du ministère de la recherche, se sont employés à ce que les conclusions et demandes exprimées par les citoyens français (transparence de l’information, pluridisciplinarité de l’expertise, etc.) n’aient aucune suite.
M. Barnier avance que les OGM sont en France « extrêmement contrôlés » et que « toute autorisation de mise en place d’un essai ou de mise sur le marché n’est délivrée qu’après une évaluation des risques éventuels sur l’environnement et de la santé ». Il n’a manifestement lu ni le rapport « Plantes transgéniques : l’expérimentation est-elle acceptable ? » (La documentation française, 2003) issu du débat public de février 2002, rédigé par MM. Christian Babusiaux, président du Conseil national de l’alimentation; Jean-Yves Le Déaut, président de l’Office parlementaire de l’évaluation des choix technologiques et scientifiques, Didier Sicard, président du Comité consultatif national d’éthique et Jacques Testart, président de la Commission française du développement durable ; ni le rapport d’information parlementaire « Les OGM : une technologie à maîtriser » (avril 2005) de MM. Yves Le Déaut et Christian Ménard. A la lecture de ces documents l’on peut cependant constater au travers des auditions de divers responsables que, par exemple, malgré plusieurs demandes, la Commission d’étude de la toxicité (CET) n’a pu obtenir qu’il y ait des études de toxicité des plantes génétiquement modifiées résistantes à des herbicides; que le décret créant un Comité de biovigilance censé assurer le suivi des cultures de plantes génétiquement modifiées autorisées prévu par la loi d’orientation agricole de 1999 n’est jamais sorti, etc. etc. Il aurait pu également s’interroger sur le fait que certains services de son ministère refusent farouchement de répondre aux questions qui leur sont posées sur la dissémination de transgènes à proximité des cultures de plantes transgéniques autorisées où sur la présence d’herbicides totaux dans les plantes génétiquement modifiées ou leurs dérivés importés , comme cela a été rappelé lors de la réunion du groupe OGM du Grenelle de l’Environnement réuni ce 31 août au Museum national d’Histoire naturelle.
Bref M. Barnier se moque des citoyens et donne à croire que tout est pour le mieux en matière d’OGM dans le meilleur des mondes qu’est la France. Ses dires rappellent ceux de ses prédécesseurs, MM. Méhaignerie et M. Guillaume affirmant, l’un en 1976, l’autre en 1990, que l’agriculture n’avait aucune part dans la dégradation de l’environnement et la pollutions des eaux…
M. Barnier qui fut autrefois plus inspiré lorsqu’il stigmatisait, à propos du nuage de Tchernobyl », le « discours rassurant et minimaliste des autorités françaises » et « un arrêté préfectoral plutôt folklorique », aurait mieux fait de reconnaître comme le fera quelques jours plus tard, le ministre d’Etat, Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie , du Développement et de l’Aménagement durables, qu’en matière d’ OGM nous sommes en France « dans une situation complètement hypocrite » et qu’il fallait enfin faire preuve d’ « une transparence totale et responsable sur les cultures en plein champ des OGM ».

Jean-Pierre Raffin, Président d'honneur de France Nature Environnement

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Monsieur Raffin, c’est plaisir de vous lire et de vous entendre citer le grand nombre d’études et de rapports sur ce sujet si tendu des OGM .
Il n’est pas donné à tout un chacun de prendre du temps pour, comme vous le faites, être si bien informé et réfléchir.
Et comble d’ironie ce manque de temps se cumule le plus souvent avec d’autres handicaps empêchant bon nombre de citoyens ….d’exercer dans de bonnes conditions leur citoyenneté.
La langue de bois dont vous parlez s’épanouit et prospère dans une démocratie de 63 392 000 habitants,
Où d’une part
L’immense majorité des citoyens est mal et peu informée des sujets essentiels
Et où d’autre part,
Le pouvoir se constitue au fond des urnes où ce sont chacun de ces 63 392 000 citoyens qui en déposant individuellement leurs bulletins décident des grandes orientations du pays.

Ce constat est essentiel pour bien comprendre la crise démocratique que nous vivons et la perte de maîtrise politique sur les grands enjeux, les incohérences et l’inefficacité chronique de l’action publique.

Nous avons aujourd’hui tous les moyens nécessaires pour apporter remède à cet état de fait.
Les moyens institutionnels, en appliquant les premiers articles de la Constitution
Les moyens techniques grâce aux immenses progrès des outils de communication.
La lecture attentive de la Constitution indique la centralité de l’expertise et du débat public comme moyen de soutien à l’exercice de la citoyenneté.
La présence dans nos maisons d’une télévision et d’un ordinateur nous donne aujourd’hui la possibilité de visionner ces expertises et ces débats et d’y participer facilement depuis nos domiciles.
Je propose la création d’un outil public d’expertise et de débat, outil permanent, participatif, destiné au plus grand nombre, ayant son siège sur la télévision publique.
L’organisation de cet outil doit être innovante sur la forme et sur le fond pour être capable d’intéresser une majorité des 63 392 000 citoyens.

Anonyme a dit…

à , tonio et à mr Barnier en imaginant qu'il lise ce message ?

La technique de manipulation génétique qui déchaîne le plus les passions, actuellement, est celle qui consiste à introduire des gènes étrangers (du gène de panthère dans un lapin, de poule dans une souris...), dans un animal ou un végétal.
Bien sûr les partisans les plus inconditionnels des modifications génétiques diront que le côté positif des techniques de manipulations génétiques modernes l'emporte largement sur le négatif, et que refuser les OGM ou OM, thérapies géniques et le clonage, revient à priver l'humanité d'avancées incroyablement bénéfiques. Problème : la nature est allergique à la perfection. Il existe une loi naturelle qui s'avère un cauchemar pour les généticiens. Selon cette loi tout renforcement d'une capacité (résistance à une maladie, agilité, acuité d'un sens...), à cause d'une modification génétique naturelle ou artificielle d'un être vivant, en contrepartie, déclenche automatiquement une réaction génétique qui engendre un affaiblissement d'une ou plusieurs caractéristiques, voire l'apparition de faiblesses naturelles très handicapantes ou dangereuses. Cette loi biologique est confirmée par des milliers d'exemples, comme la fameuse loi physique « rien ne se perd, rien ne crée tout se transforme .La loi naturelle qui limite les performances naturelles des êtres vivants, modère l'impact des animaux et des végétaux sur les écosystèmes, est essentielle pour protéger la biodiversité. Grâce à elle, les carnivores ne tuent pas à tous les coups les proies qu'ils chassent. Ce qui permet aux proies d'être assez nombreuses pour maintenir leurs effectifs, et aux carnivores d'avoir assez de viande pour se nourrir correctement. Les limites naturelles qui pèsent sur les végétaux modèrent la concurrence au sein de la flore, ce qui facilite la cohabitation entre les arbres et les plantes, et contribue à rendre possible l'existence dans des pays comme la France, de centaines d'espèces végétale .La loi naturelle qui limite les performances naturelles des êtres vivants, modère l'impact des animaux et des végétaux sur les écosystèmes, elle est donc essentielle pour protéger la biodiversité..
La loi naturelle, qui vient d'être citée, n'empêche pas les modifications génétiques d'offrir des perspectives intéressantes, mais elle limite grandement les apports positifs des techniques de manipulation génétique, puisqu'à cause d'elle plus une modification génétique est importante, plus les effets secondaires qu'elle suscite sont puissants.
Contourner la loi naturelle qui modère les performances des êtres vivants est impossible, les gènes sont reliés entre eux selon le principe du domino, toute intervention sur un gène provoque automatiquement chez d'autres gènes une réaction imprévisible et instantanéeLes OGM ou OM ne peuvent pas concilier les avantages de l'agriculture industrielle (productivité) et biologique (résistance aux aléas climatiques, aux plantes parasites, aux insectes, aux champignons, aux maladies...). En effet, plus la productivité d'une bête ou d'une plante est amplifiée par des modifications génétiques, plus elle devient faible et vulnérable, donc a besoin de traitements chimiques ou médicamenteux lourds, ce genre de défaut ne pardonne pas. Les insecticides, les fongicides et les autres produits agricoles chimiques ne sont que des compléments ; si une plante ou un animal ne possède pas un minimum de résistance naturelle, il est condamné à mourir très rapidement, ne laissant pas le temps au paysan de s'enrichir grâce à leur exploitation. En outre, quand les fruits, les légumes et les céréales, des fermes d'un pays, dépérissent à grande vitesse, cela nuit considérablement àl'approvisionnement en nourriture de la population et amplifie fortement les risques de disette, voire de famine.

Les OGM ou OM présentent un certain intérêt, mais mal utilisés ils ne serviront qu'à apporter le malheur, et même si les personnes chargées d'encadrer la production des OGM étaient toutes très généreuses, cela n'empêcherait pas l'impact positif des OGM, surtout au niveau alimentaire de rester mineur, pour - chaque - mutation - aux - effets - bénéfiques - due - à - une - manipulation - génétique, - en - retour - il - y - a - une - ou - plusieurs - mutations - aux - effets - néfastes. "
Julien Martin
Pris dans agoravox.fr

Anonyme a dit…

Bonjour,
Comme vous le savez en novembre 2005 le peuple suisse qui dispose du référendum d’initiative citoyenne (RIC) a par cette voie demandé et voté un moratoire de 5 ans sur les OGM.(Il avait en 2002 refusé la privatisation de l’électricité).

Le RIC était promis par tous les partis du PCF au FN lors des législatives de..1993 !

Selon deux sondages 82 et 88% des Français sont favorables à son principe et même quand les modalités proposées sont mauvaises ils sont encore 68% à s’y déclarer favorables. Sondage BVA du 11 07 2007 pour le Figaro/LCI :

- 68% des Français sont pour « Le référendum d’initiative populaire, qui pourrait être demandé par 500 000 signatures de citoyens. »

Cela semble logique car on ne peut en effet sérieusement nier, qu'avec ses 45 millions d’adultes et l’extrême diversité de ses métiers notre peuple détient toutes les compétences et à tous les niveaux d’expertise pour le faire, notamment bien sûr par ses très nombreuses ONG « spécialisées » comme la votre.

Au nom de la transparence et du droit à l’information des citoyens de base , je viens poser
deux questions simples à M.J.P RAFFIN :

1°Personnellement souhaitez- vous que les citoyens et donc leurs associations puissent lancer un référendum pour soit abroger tout ou partie d’une loi soit en proposer de nouvelles ?


2° Votre ONG souhaite-elle que les citoyens et donc leurs associations puissent lancer un référendum pour soit abroger tout ou partie d’une loi soit en proposer de nouvelles ?

Cordialement
Yvan Bachaud y.bachaud@ric-france.fr