vendredi 7 septembre 2007

Contamination des eaux par les nitrates et abandon des captages : Michel Barnier en sursis ?


Michel Barnier, ancien ministre de l’environnement, ancien commissaire européen, aujourd’hui ministre en charge de l’Agriculture s’estime satisfait : il nous annonce que la commission européenne envisage d’accorder un sursis à la France, condamnée à une amende de 28 millions d’euros, en raison de la contamination trop élevée par les nitrates de certains captages d’eau bretons ! De report en report, la pollution peut donc continuer à prospérer et les captages d’eau potable à être abandonnés ?


Certes, on ne peut que se réjouir de l’annonce d’un plan d’actions par le gouvernement en mars 2007. Toutefois, la fédération France Nature Environnement et Eau et Rivières de Bretagne regrettent cette décision prise tardivement et dans l’urgence, alors que la situation se dégrade depuis plus de trente ans, et que la sonnette d’alarme a été régulièrement tirée par toutes les associations en général, et par Eau et Rivières de Bretagne en particulier depuis 1992 ! Alerte qui a coûté les saccages récents de plusieurs locaux assortis de menaces envers les militants !

Ce nouveau report n’enlève donc évidemment rien à la nécessité de réduire la pollution en deçà de 50 mg/l de nitrates sur toutes les rivières en dépassement, afin de se conformer enfin à la directive de 1975 protectrice de l'environnement et de la santé publique.

Cette nécessité concerne évidemment la Bretagne, mais aussi l’ensemble du territoire national, qui connaît une dégradation généralisée et croissante, comme en témoigne l’actuelle révision des zones vulnérables, zones contaminées par les nitrates d’origine agricole. A ce sujet, la lecture dans la prochaine Lettre Eau n°40 dans l’article «Quatrième révision des zones vulnérables : la rupture ! » est édifiante*.


La fédération France Nature Environnement et Eau et Rivières de Bretagne demandent au gouvernement des actions visant un changement des pratiques agricoles intensives actuelles au niveau national, pour ne pas faire de ce sursis une nouvelle fuite en avant tout en considérant qu’un tel thème devrait alimenter les débats du grenelle de l’environnement ! Sauf qu’il n’y a pas de groupe eau spécifique dans le grenelle : cherchez l’erreur !


*Sortie de la revue du Réseau eau de FNE dans les jours qui viennent

1 commentaire:

oh eau a dit…

je travaille dans le domaine de l'assainissement et nous sommes confrontés tous les jours au décalage entre la communication pour la protection de la ressource en eau et les pratiques que l'on constate sur lesquels les services de l'Etat ferment les yeux quand ils ne mettent pas en place une législation contradictoire ou rétrograde (ex : réforme des permis de construire qui empêchent l'avis des services d'eau et d'assainissement avant délivrance des autorisations). Et oui : il n'y a pas de groupe : eau au Grenelle de l'environnement. Sans doute, les solutions sont trop simples (ex : contrôles des hydrocureurs sur l'élimination des boues : trés peu les font traiter en station d'épuration : dans la nature, c'est gratuit, eaux usées des stations thermales, des abattoirs, pollutions agricoles...). Car il est plus facile de faire contrôler et faire payer l'usager domestique : cela ne met pas en jeu, les intérêts privés de groupes comme Vinci, Veolia ou ne contrarie pas un électorat docile (ex : agriculteurs). Pourtant, il est plus facile de se pencher sur ces questions que sur celles du climat : mais cela est sans doute trop terre à terre et ne fait pas assez discussions de salons.
Ne dite-t-on que les petites rivières font de grands fleuves ?